mardi 11 janvier 2011

Sur l'eau crucifié


Out of the shadow Ahmed Shagar
Je ne suis plus capable de penser
Je ne sais plus vivre, je n’y arrive plus
Il n’y a plus que la mort qui circule dans mes veines
et qui se réfugie dans le moindre pli de mon être
Où-est ce que je suis ?
Dans mon néant.
J’ai ouvert toutes les portes avant de les refermer et d’en sortir
Entièrement
J’ai marché au long de cet interminable couloir, hagard, marchant sans savoir, sans voir le bout, sans même sentir mes pieds s’écraser contre le  bois du plancher
Puis, du noir, du vide, le néant, où que je me tourne.
C’était la chut dans une eau sombre, je ne me débats pas, à quoi bon ? Je me noie…
Crucifié sur l’eau, visage plaqué contre les profondeurs que je ne voie pas, mais qui m’observent, là, juste prés de moi – sinon je ne serai pas ici
Porté par le courant, sans cette chute, je tomberai sans doute
Le précipice, à chaque courant un précipice – un lieu commun –  c’est la nécessité de la tragédie, c’est notre loi de la pesanteur à nous, damnés de nos âmes
Je connu autrefois un guerrier, je n’ai d’ailleurs connu que lui, voyageur esthète, en guerre le jour contre les nuits, en pleure la nuit par espoir, pour que ses larmes amènent l’aube, puisque Dieu y veille.
Où sont ses armes ? Son cheval et son cri ? Sa détermination ravageuse et sa foi ?
Je ne sais pas où je suis, je ne sais plus.
Je me souviens d’une nuit pleine de murmures
Dans le désert chaud et froid
J’étais sans armes, sans rien, ou avec rien, nu, mais pas léger, non, lourd, lourd…
Je sentais mon pied traverser les milliards de grains de sable pour toucher la lave que Dieu a mise sur terre, en son sein, pour ne pas oublier l’enfer
Comment pourrait-on ? Comment serai-ce possible d’oublier ?! La terre est un enfer !

Nous oublions…
J’oubliais.
Non je ne sais plus où je suis
Emporté par les courants nocturnes
Autrefois le soleil se levait, puisqu’il y avait des larmes
Mais il s’est aujourd’hui assèche, le feu s’est éteint, peut-être, parce qu’il connait la sécheresse
Il partira, il partira, tôt ou tard il finira par partir, assoiffé…
Pas de larme, pas de cri, pas de sourire, pas de mouvement.
La négation de la vie, jusqu’au moindre regard.
Où je suis ?
En enfer, quoi d’autre ?
L’eau le vide les profondeurs moi moi moi tous sont les flammes noires qui me consument
Je suis là – nulle part –, debout face à elle, elle me joue des airs,
des airs qui se jouent de moi,  que me disent qu’ils sont moi, que c’est ce qu’il me manquait
j’écoute, c’est agréable
c’est apaisant, mes  oreilles pleurent du sang
Voilà
c’est vrai, c’est ce qu’il me manquait, je le sens à présent
ma peau fond, c’est excitant ces airs
je me sens partir, toute cette douleur intérieure,
c’est l’apocalypse, juste pour rire, c’est elle, sombre
si sombre qu’elle cache en elle tant de choses, tellement de choses
et d’airs !
voilà, je m’abandonne à elle
la douleur, les douleurs continuent et s’amplifient, les airs plus forts
mais elle se terminera, elle ne jouera plus, elle devra s’en aller, pour laisser place au jour
un jour morne, sans soleil…
Autrefois le soleil se levait, puisqu’il y avait des larmes
Il est peut-être parti, assoiffé mais reviendra-t-il peut-être, comme les oiseaux migrateurs finissent toujours par revenir après avoir profité de terres plus accueillantes,
Je l’accueillerai, moi
(quand Je sera mort)
Je sais où je suis
Emporté par les courants nocturnes
Pas de larme, pas de cri, pas de sourire, pas de mouvement.
La négation autodestructrice
Où je suis ?
En enfer, quoi d’autre ?
L’eau, le vide, les profondeurs, moi, moi, moi, flammes noires me consument.

Le réveil sera brutal, vu que je suis réveillé…

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