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Saint-Pétersbourg, Alexander Petrosian. |
Je n'ai jamais pu me résigner à la régularité, la monotonie.
Vivre dans un endroit, y rester. Pour toujours sans doute. Peut-être partir quelques jours, quelques mois, mais revenir inexorablement au point de départ. Non je ne peux m'y résigner, ce serait ma mort...
Rien ne me lie à rien. Je suis comme une bouteille à la mer qui, même si elle échouait sur une plage vide, tôt ou tard (tôt le plus souvent), l'eau allait finir par la renvoyer aux immensités et aux profondeurs...
Je confesse avoir tout délaissé de mes entrailles. Je ne suis désormais plus qu'une âme errante, une embarcation de fortune sans voile ni même gouvernail.
Je rencontre des gens. J'aime les connaitre. Je ne leur offre cependant pas la parole. Je me contente seulement de quelques mots. On dit que la bénédiction est dans le peu, dans les longs silences...
Je souris. Plus serait me trahir. Trahir cette symbiose avec l'univers vivant. Je me contente alors du sourire.
Je marche. Je suis en perpétuel mouvement. Je suis comme un rapace qui aurait renoncé à baisser le regard sur terre pour scruter ses proies; renoncé à leur viande, préférant parler avec elles avant de les quitter pour toujours. Un rapace qui se nourrit de nuages, de lui-même (Je suis un soleil qui se consumme sans plus brûler. Un soleil lunaire). Des mots silencieux que lui murmure le monde. Un rapace dont les longues ailes ne battent plus mais qui continue de voler. Déterminé à guetter les courants d'air pour danser avec eux et découvrir où ils ont décidés de l'enmener...
Je plane. Je plane sans ne jamais me retourner. Les passants ne se retournent pas, ils passent. Je plane sereinement, sans aucun port d'attache. J'erre dans ce vaste monde, immobile.