vendredi 4 février 2011

Luxe & Solipsisme

- Wenceslas Néveil Blake:
J’ai parcouru la terre et les océans, seul, sans ne jamais bouger
Et là où j’étais, je savais que c’était là-bas que j’étais né

Sans ne jamais pouvoir trouver ma demeure
Il y avait partout la lune qui s’invitait dans mes nuits de solitude pour me chuchoter les histoires du monde
Et je pleurais.
C’était chaque nuit la marré dans mon âme qui faisait saigner mes yeux
Partout les relents de putréfaction chatoyaient mes entrailles océanes
Les dépôts des profondeurs humaines me noircissaient jusqu’à faire de moi l’humain 

Plus loin, les mêmes hommes, les mêmes costumes propres
Et je riais. Un rire saccadé que seuls les étrangers pouvaient entendre
On cru autrefois que l’océan noir s’alliait au diable
L’océan l’héberge mais ne s’y associe pas. Du moins pas toujours
Cela  me rappelait les histoires de la lune, noirâtre d’humanité
J’ai rencontré au cours de mes errements  plus de dépouilles que de meurtriers plus de moribonds que d’hommes bons
J’aimais voir la haine emplir le vide des carcasses animées
Mes yeux ont prit feux lorsque mon regard sur le monde s’est posé :
Des palais faits d’os s’élèvent au ciel
Des tapis de peau recouvrent les sols
Des bras d’enfants surgissent des jardins
Délicatement plantés. Leurs mains ouvertes
Parterre de fleurs sans vie
Des sols de dents polis luisant des sécrétions lacrymales et de l’humeur aqueuse
Des fruits sans chaire en abondance gisent sur les lits
Fruits sans chaire où s’entassent les mouches
Les mouches naissent des fruits sans chaire dont le sucre se répand et dégouline
La terre assoiffée absorbe le sang et des fontaines le recrachent, noir et visqueux
Luxe et solipsisme
Les palais des vivants
Sur les ruines on battit le spectacle
Pester contre les mendiants aux vêtements ternes pour qui le temps s’est arrêté
Ils gisent, clairsemés, dans les maisons et dans les baraquements et les rues parmi les déchets
Pollueurs !
Taches venues enlaidir le mensonge
Des poussières de vérité de la taille du monde qui finissent par remonter à la surface
Nous sommes là pour vous aider  acceptez nous nous sommes là pour vous aider-
(à emmurer votre existence jusqu’à l’assoupissement final.
L’engloutissement final
Ce monde est à  nous cette vie est à nous
Nous sommes propriétaires
Nous sommes prioritaires)
Les damnés cueillent la mort et sèment la mort.



Exilé de ce monde                                                            
Des cendres et des ruines je suis né      

Israphil ©.

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